Dans un livre paru aux éditions Albin Michel*, Thierry F. raconte comment depuis vingt-quatre ans il vit aux crochets des Assedic, ASS et autres CMU. Légalement...
Ce matin, après sa séance de musculation et les yaourts de son petit déjeuner, Thierry n'ira pas travailler. Pas parce que la pluie qui détrempe les rues de Roanne lui donne le bourdon, mais parce que c'est comme ça tous les jours, depuis vingt-quatre ans. Vingt-quatre ans qu'il entend ses voisins se lever à l'aube et qu'il se dit, enveloppé dans la chaleur de sa couette : « Je préfère être à ma place qu'à la leur. » Vingt-quatre ans qu'il est chômeur, et content. Et aujourd'hui, encore plus fort, on l'interviewe pour ça !
Il a 44 ans et le sourire aux lèvres. Une Alfa Romeo anthracite et un appartement à lui, parce que « les locations, c'est de l'argent perdu ». Poignée de main cordiale : un quart de siècle de chômage, ça vous conserve un homme. A part sa presbytie, compensée par de fines lunettes à 500 euros payées par la CMU, Thierry tient la forme. Drôle de coïncidence, il accuse même une énorme ressemblance avec Didier Super, le pape du rock nordiste encensé par Les Inrocks, qui chante que « le travail, il faut le laisser à ceux qui en ont besoin pour se sentir bien dans leur peau ». Thierry ne connaît pas Didier Super, mais il est entièrement d'accord avec lui. « Pourquoi culpabiliser ? Je me suis contenté de suivre la législation française à la lettre », se justifie-t-il.
Sur son bureau repose le manuscrit de son livre. Il a commencé à l'écrire en réaction à des auditeurs de RTL qui, un matin, s'étaient emportés contre un type qui voyageait depuis six mois tout en touchant le chômage. « Six mois, c'est tellement ridicule ! » s'amuse-t-il.
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